Que tous ceux qui veulent devenir membre du S.L.I.P. se lèvent !!

Chères Consoeurs, chers Confrères,

Devant la recrudescence des problèmes que rencontre notre profession, notamment :

  • Braconnage des particuliers qui vendent leurs livres de façon professionnelle, sans s'acquitter des charges liées à l'exercice d'une activité déclarée,
  • Dérives de Barbe-Jaune, l'ogre postal (qui se fait appeler depuis peu "Banque Postale") qui ne cesse d'augmenter ses tarifs, en baissant la qualité de ses prestations,
  • Les pratiques abusives de certains sites de livres (Abebooks) qui profitent de leur position dominante pour augmenter les commissions, tout en réduisant notre espace de liberté,
  • Le plein de fuel de la camionnette qui sert à déplacer les livres,
  • La hausse incessante des loyers des boutiques, en particulier des librairies,
  • Le manque de courtoisie ou d'élégance, d'éducation de tous ces "confreres" qui oublient la sympathique remise confraternelle, qui met tant de baume au coeur (à défaut d'autre chose),
  • L'idée trop répandue que ce qui est rare est cher, et qui conduit certains "confreres" à déraper quand ils fixent le prix de certains livres, décrédibilisant ainsi toute la profession aux yeux de la clientèle, (une voiture à damier jaune et noir, avec seulement 3 roues, c'est rare, mais est-ce cher ?),
  • La pratique commode et simpliste consistant à s'aligner 1 euro moins cher que le prix trouvé sur Abebooks, et qui a fait chuter, à elle-seule, le marché de 50 à 70 % en 10 ans, ce qui a été très discrètement compensé par les effets de l'idée ci-dessus,
  • Le copiage sans réfléchir des fiches des confères, en prenant bien soin de copier les erreurs, les fautes de frappe, les défauts des livres, les erreurs de syntaxe,
  • La difficulté de trouver du bon papier crystal, ou celle de trouver de bons livres à des prix raisonnables,
  • La hausse du coût de la vie qui pénalise en premier les galériens bagnards que sont les libraires et les bouquinistes,
  • Les charges sociales mensualisées au premier janvier 2008, qui croissent de 20 % par an, alors que notre profession traverse son désert électronique depuis quelques années.

Pour toutes ces raisons, et d'autres encore, je propose la création du Syndicat des Libraires Internet Professionnels. (le SLAM, je le laisse à "Grands Corps Malade" pour ceux qui connaissent).

Que tous ceux qui veulent devenir membre du S.L.I.P. se lèvent !!

Arnaud Le Bras Librairie Philoscience

Commentaires

1. Le vendredi, juin 6 2008, 17:51 par Nigel Gauvin

J'adhère au S.L.I.P. (et non pas le contraire) !
Depuis toujours je me plains du manque de confraternité des bouquinistes, sédentaires ou ambulants, ayant pignon sur rue ou bien tréteaux sur les marchés, bourgeois ou alors trimardeurs, tous incapables de s'unir et de se coordonner, ne serait-ce que pour se transmettre des infos (autre que : on m'a piqué tel bouquin dans mon bouclart...) et faire face à cette hydre que représente l'e-commerce, avec son esprit de lucre, son cortège d'arnaques et, en filigrane, son mépris du livre en tant qu'outil de culture.
Nous devons défendre becs et ongles notre place de professionnels du livre car nous avons une mission de service public (rien qu'ça !) : la récupération, la sauvegarde, le stockage et la remise-en-vie de la chose imprimée jadis et naguère. Nous sommes tous des marginaux que les gouvernements ignorent superbement depuis toujours (ce qui n'est pas le cas des libraires de neuf). Nos conditions de (sur)vie se dégradent inexorablement et nous devenons une espèce en voie de disparition : dans peu de décennies des musées reconstitueront nos boutiques, nos rayonnages ; des figurines de cire reproduiront nos faces soucieuses et aigries effrayant les petits enfants qui serreront contre eux leur Kindle dernier modèle...
Comme dirait l'autre : "Y s'rait temps qu'on s'lève !"

Nigel Gauvin
La Librairie Nomade

2. Le lundi, juin 23 2008, 22:13 par associationuvpi

Bonjour,
Pourquoi ne songez-vous pas plutôt à rejoindre l'Union des Vendeurs Professionnels sur Internet?
Je suis moi-même libraire.
Cordialement,
Dewaele Willy
Président de l'U.V.P.I.

3. Le lundi, juin 30 2008, 23:07 par LIEVRE

Bonjour, Je suis entièrement d'accord il fautque nous nous battions contre le fléau qu'est les VIDE-ORDURE. Nous ne pouvons plus travailler correctement quand à côté de nous il y a des "faux particuliers" qui vendent des livres à 0,50 cts euros quand nous nous les vendons à prix normal
"couverts"et pouvant dire d'ou ils viennent.

Je fais beaucoup de brocantes mais j'en suis de plus en plus dégoutée. Maintenant je trie mes brocantes. Il faudrait une loi et RAPIDEMENT pour arrêter ces travailleurs au "black" tous les dimanches et qui ont des fiches de paie qui tombent à la fin du mois.Si vous avez la solution dites le moi.

4. Le mardi, septembre 9 2008, 17:09 par Tortue

Quelques questions afin de réfléchir différemment au problème. Même si ça n’apporte pas la solution appelée par Lièvre ça pourra peut-être éviter la propagation et l’adhésion à des idées reçues pour le moins simplistes et stériles quand elles ne sont pas carrément idiotes comme celles que je lis ici où là. (N’est-ce pas Lièvre?)
On pourrait se demander par exemple pourquoi ces “travailleurs au black” passent leurs loisirs et leurs dimanches à bosser alors qu’ils “ont des fiches de paie qui tombent à la fin du mois” (pour reprendre les formules de Lièvre). Peut-être justement parce que ça tombe pas si systématiquement que cela ou pas assez mais peu importe les réponses… Dans le même genre on pourrait se demander aussi pourquoi certaines classes sociales (comme la haute bourgeoisie par exemple) fournissent si peu de travailleurs au black, ou pourquoi il y a tant de travail au black dans le domaine du bâtiment par exemple, alors qu’il suffit d’attendre quelques mois pour obtenir un devis et quelques autres supplémentaires pour l’exécution des travaux…

Une fois ces questions posées, force est de reconnaître qu’on ne peut plus simplement montrer du doigt les particuliers qui avec leur vide-grenier et leur connexion internet seraient les méchants responsables des maux des professionnels du livre d’occasion, ou de la brocante (le problème de cette corporation étant identique).

Petit retour préalable sur quelques définitions qu’il me semble bon de garder à l’esprit. Les libraires anciens vendent logiquement des livres anciens (rares et chers en général). De la même façon les antiquaires vendent des antiquités. Chacun faisant son métier les vaches (et les prés) sont bien gardés. Bien gardés dans ces deux domaines en tous cas (en effet, Clavreuil et ses confrères ne souffrent pas des travailleurs au black d’internet ou des vide-greniers).
Revenons aux questions urticantes: les libraires d’occasion (bouquinistes) censés eux vendre des livres d’occasion (bouquins) font-ils leur métier? N'ont-ils pas été, pour une grande partie, tentés de vendre, malgré leur enseigne de bouquiniste, plutôt du livre ancien? Voire du bouquin (sous prétexte que l’édition est épuisée) au prix du livre ancien? (Idem pour les brocanteurs, censés vendent de la brocante et qui ont délaissé celle-ci pour s’occuper d’antiquités et/ou pour pratiquer des prix d’antiquaires).
Dès lors peut-on s’étonner que ces places laissées vacantes par ceux-là mêmes qui ont vocation de les occuper soient occupées par d’autres dont ce n’est pas le métier?

Pour aller un peu plus loin, en admettant que le législateur accorde les lois protectionnistes réclamées à cors et à cris, celles-ci permettront-elles de retrouver la vocation et la fonction initiales? Tout ceci me fait penser à l’enfant qui convoite le jouet de son frère, sans pour autant accepter de lui donner en échange le sien dont il ne se sert plus.
Le particulier qui vend des livres à 50 centimes d’euros ou moins et qui ne se rend pas compte qu’il perd de l’argent tout en engraissant des multinationales et la poste va-t-il soudainement avoir un éclair de lucidité en s’inscrivant au registre du commerce? Le statut de professionnel empêche-t-il jamais de travailler au noir ou d’avoir une gestion déplorable? Dit autrement, une inscription au registre du commerce et le paiement de charges sociales sont-elles garantes d’un apport de neurones (hein..Lièvre?) et de l’exercice plus intelligent d’un métier?
Quand j’ai commencé à vendre du bouquin sur internet , je l’ai fait par vocation mais au noir et en parallèle de mon métier pendant un temps avant de me professionnaliser, et j’ai pu fréquemment constaté les prix exagérés pratiqués par des professionnels sur de simples bouquins épuisés en édition neuve simplement parce qu’ils n’avaient pas de concurrents. Depuis le phénomène s’est inversé à l’extrême et on voit des livres d’occasion bradés pour quelques centimes d’euro par des particuliers (mais aussi par des professionnels !). Simple revers de la médaille. Légiférer sur qui aura le droit ou non de la porter empêchera-t-il la médaille d’avoir deux faces ?

Voilà c’était ma petite contribution en questions. Pour faire bonne mesure, je finirais sur ces deux affirmations tirées de la culture Shadoks :
« Pour qu'il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes.»
« S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème. »

5. Le vendredi, octobre 17 2008, 23:05 par Béatrice

Bonsoir,

Juste un petit témoignage : il m'arrive, plusieurs fois l'an, de louer un emplacement dans un vide grenier ou un bric à brac local et je vends entre autres objets des livres d'occasion.Ce n'est pas mon métier et je conçois parfaitement que cela vous fasse, mesdames et messieurs les professionnels, de l'ombre. Mais mon salaire est modeste et ça met du beurre dans les épinards. Alors, je récupère des bouquins à droite et à gauche et je vends, pas cher : 0,50 € le livre !!!
Et puis, le livre est un luxe, il est cher lorsqu'on l'achète neuf. J'ai trois enfants lecteurs et nous nous faisons plaisir grâce aux achats réalisés sur les vides greniers, si on devait acheter les livres aux prix où les professionnels du neufs ou de l'occasion les vendent on ne lirait plus !!

Bien cordialement,
Béatrice Limousin

6. Le mercredi, février 18 2009, 20:42 par dwarflan

Bonsoir à tous
Bien intéressante cette discussion. Pour ajouter mon petit commentaire : il devient impossible pour un particulier de vendre des livres courants (des poches, des polars, de la sf) à un libraire d'occasion, même si comme moi on en propose un lot important pour une somme purement symbolique. Dans ces conditions, qu'est-ce que je peux faire d'autre que les trier, en garder une centaine que je vendrai sur internet et donner le reste à une association ou (car même eux n'en veulent pas !) carrément les mettre à la poubelle

dwarflan
dwarflan@hotmail.com

7. Le lundi, février 1 2010, 13:48 par le_marcheur

Je suis 100% en accord avec vous, mais le SLIP... Y a rien de bizarre pour vous ?
On peut pas trouver un nom qui soit moins en dessous de la ceinture ?

8. Le mardi, avril 3 2012, 13:39 par Filbluz

j'aime bien le S.L.I.P. comme nom, ça s'assemble à sleep (glisser), autant qu'à sleep (dormir) et slip (culotte), un rien ringard, ainsi le feu clignote au rouge et indique un signal inquiétant ; réveiller les somnanbules ! en tant que copiste et éditrice de livres anciens, je déclare sincèrement que le livre numérique a été une caverne d'ali baba ; des livres de toutes les époques, déclassés, ont comblé un fossé jusqu'alors impossible à traverser. Des textes d'Isidore de séville en français, st Ephrem en latin, la collection quasi complète de la Patroligia orientalis, les targums et autres textes rares impossible à connaitre autrement, les herbiers et livres sur les vertus des plantes illustrés, etc. je ne néglige pas les libraires à qui mon respect est acquis malgré mes visites peu fréquentes. je vous le demande, pourquoi un livre rare entre les mains de son acquéreur serait-il ainsi dérobé au public, retranché de la circulation, totalement mystifié ? les collectionneurs de culture sont de purs égoistes. un bon scanner et vous voilà au virage numérique ! qu'un libraire me propose un livre ancien en version numérique (sur CD), je suis preneuse !
Josiane Legrand

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